Systèmes numériques, électronique et communications

Catégorie : Radiocommunications

Au-delà du spectre…

Non, ce n’est pas une histoire de fantômes, il s’agit bien d’électronique ! C’est un TP sur un analyseur de spectres. On va faire ici des mesures radio. Des mesures de puissance et de bande passante en RF.

Le TP

C’est un TP de BTS SN (Systèmes numériques) 2° année. Le texte du TP est ici :

En plus des fonctions classiques de l’analyseur de spectre, nous utilisons ici deux fonctions de mesures spécifiques : la fonction « channel power » et la fonction « occupied bandwidth » .

La fonction « Channel power »

Mesurer une puissance à l’analyseur ? Facile, me diriez-vous, il suffit de mesurer l’amplitude de la raie avec un marqueur ! Certes, sur un signal CW (continuous wave, un sinus quoi), c’est facile : il n’y a qu’une seule raie et on mesure l’amplitude de cette raie. Mais quand on a plusieurs raies ou un spectre compact ? On fait comment, chef ?

C’est là qu’on utilise la fonction « Channel power » . Cette fonction permet de mesurer toute la puissance dans une bande de fréquence donnée (dans un canal).

Voici la mesure effectuée sur un signal FM. Le générateur FM est configuré comme suit :

P = 0 dBm ; fréquence porteuse = 100 MHz ; modulation FM ; Excursion de fréquence Δf = 100 kHz ; fréquence du signal modulant 10 kHz.

Génrateur HF réglé en modulation FM
Générateur HF

Voici le spectre obtenu et la mesure de puissance.

Mesure de puissance d'un générateur HF modulé en FM
Mesure puissance signal FM

L’analyseur mesure -0.35 dBm (pour 0 dBm affichés). La bande de mesure est visualisée par la flèche à deux pointes. Bien entendu, tout le signal doit être compris dans la bande de mesure.

Voici un autre exemple de mesure sur un signal TNT.

Mesure de puissance sur modulateur TNT
Mesure puissance modulateur TNT

La source est un modulateur TNT réglé à -16 dBm. Joli, non ?

La fonction « Occupied bandwidth »

Une autre fonction utile est la mesure de la bande occupée par un signal. On peu faire ça à vue de nez (a bisto de nas, comme on dit en Occitanie), en comptant les carreaux mais on peut faire plus scientifique !

C’est la fonction « Occupied Bandwidth » .

Voyons ce que ca donne avec le signal modulé en fréquence.

Mesure bande utile signal FM
Mesure de la bande utile d’un signal FM

L’appareil donne deux mesures. La mesure à 99% : l’analyseur détermine la bande dans laquelle on trouve 99% de la puissance totale et la largeur à -26 dB du maximum du spectre.

La mesure est elle cohérente ? Vous souvient-il de la règle de Carson ? Non ? Voici ce que nous dit Wikipedia :

La règle de Carson, énoncée en 1922 par l’ingénieur d’AT&T John R. Carson, permet d’évaluer la largeur de bande passante d’un signal modulé en fréquence.

Dans le cas d’un signal modulant sinusoïdal, le signal modulé présente un spectre en raies (signal périodique). En ne gardant alors que les raies contenant au moins 98 % de la puissance du signal modulé, on obtient l’expression: B = 2(Δf+fm)

Alors ça marche ? Ici Δf = 100 kHz et fm = 10 kHz, on devrait trouver B = 2(100+10) = 220 kHz. On en mesure 236 ! C’est pas trop mal (on est à 99% pas à 98%).

Voyons ce que cela donne avec notre modulateur TNT.

Mesure bande utile modulateur TNT

On mesure 7,955 MHz à -26 dB pour une bande donnée à 8 MHz.

Intéressant ces mesures, non ?

Notre analyseur de spectre n’est pas tout neuf. On sauvegarde les mesures sur une diskette 3,5 pouces. Mais il marche encore très bien !

Et qui on est, hein !

Modulation et démodulation FSK avec PSOC 5

Est-il possible de réaliser un modulateur et un démodulateur FSK dans un PSoC ? Voilà un TP qui permettrait d’illustrer les modulations numériques ! Et bien regardons ensemble comment s’y prendre.

Pour ce TP, je me suis rajouté une contrainte. Je ne voulais pas faire une carte qui démodule directement le signal qu’elle génère. L’idée était d’enregistrer un signal FSK sous forme de fichier audio puis de le démoduler.

Caractéristique de la modulation FSK :

Débit = 300 bauds ; fréquence « 0 » = 1300 Hz ; fréquence « 1 » = 2100 Hz.

Modulateur FSK

Facile de faire un modulateur FSK avec PSoC Creator !

Modulateur FSK PSOC. UART + WaveDAC + PGA
Modulateur FSK PSoC

L’UART sert à générer le signal binaire. Il transmet en boucle une chaine de caractères.

Le WaveDAC8 est un composant extraordinaire. Il permet de générer pratiquement n’importe quel signal. Voici comment il est configuré.

Configuration du WaveDAC

C’est tout simple, si le signal sur l’entrée ws est à 0, on transmet le signal Waveform 1 : ici un sinus à 1302 Hz d’amplitude c-à-c = 2V centré sur 1,024 V et si le signal ws est à 1, on transmet le signal Waveform 2 : ici un sinus à 2101 Hz de même amplitude.

Le PGA derrière est programmé avec un gain de 2 pour exploiter toute la dynamique 0/5V.

Il ne reste plus qu’à numériser le signal avec une carte son. Je connecte la sortie du PSoC sur l’entrée line puis REC pendant une quinzaine de secondes ! J’utilise Audacity, voilà le résultat !

Signal FSK numérisé. fenetre Audacity temporel + spectre
Signal FSK numérisé

On remarque bien les 0 (durées ou la fréquence est basse) et les 1 (durées où la fréquence est haute). Le spectre montre bien 2 pics à 1300 Hz et 2100 Hz.

Vous pouvez écouter, ce n’est guère mélodieux !

Voilà, mon signal est généré et sauvegardé sous forme de fichier wav sur mon PC. Il ne reste plus qu’à le démoduler !

Démodulateur

Principe

Pour réaliser le démodulateur, je me suis inspiré de deux notes d’applications publiées par Cypress (Infineon maintenant).

Simplified FSK detection – PSoC1

Low-Frequency FSK Modulation and Demodulation – PSoC5

Le principe est le suivant : on multiplie le signal FSK par le signal FSK retardé :

multiplication signal par signal retardé
Démodulateur FSK à retard

Si notre signal est sin(ω.t) et notre retard d, on obtient en sortie du multiplieur :

sin(ω.t).sin(ω(t+d)) = 1/2. [cos(2.ω.t+ω.d)-cos(ω.d) ]

Si on ne s’intéresse qu’au terme basse fréquence, il reste -1/2.cos(ω.d)

L’idée est de choisir le retard d optimum tel que l‘écart entre cos(ω0.d) et cos(ω1.d) soit le plus grand possible (idéalement, il faudrait un cos à -1 pour ω=ω0 et un cos à +1 pour ω=ω1).

Traçons avec un tableur cos(ω0.d)-cos(ω1.d) en fonction de d (avec ω0= 2π.1300 et ω1=2π.2100) :

cos(wo.d)-cos(w1.d) en fonction de d

La fonction est maximale pour un retard d = 0,727 ms = 727 µs. Voyons maintenant comment mettre tout ça en œuvre.

Mise en œuvre

Le schéma du démodulateur sous PSoC Creator est le suivant :

Schéma du démodulateur FSK

L’étage d’entrée est constitué d’un comparateur qui va transformer notre signal FSK sinusoïdal en signal carré. Pour cela le signal entrant est décalé par un circuit C-R (composants extérieurs) à Vdda/2 puis comparé à cette valeur avec le comparateur Comp_1. Remarquez l’utilisation du suiveur sur la tension de référence Vdda/2 (Vdda/2 = la moitié de la tension d’alimentation analogique, ici Vdda = 5V).

On échantillonne ensuite le signal. Comment choisir la fréquence d’échantillonnage ? L’idéal est d’avoir une fréquence à la fois multiple de 1300 Hz et de 2100 Hz. Calculons le PPCM de 1300 et 2100, on obtient 27300. En effet 27300 = 21*1300 = 13*2100. Vous voyez que ca sert à quelque chose le PPCM (le plus petit commun multiple) vu au collège ! On utilise donc une fréquence d’échantillonnage de 27300 Hz.

Le fameux retard de 727 µs est réalisé par un registre à décalage. L’horloge de 27300 Hz a une période de 36,63 µs. Pour obtenir 727 µs, on utilise un registre à décalage de longueur 20. 20 périodes de 27300 Hz font un retard de 732,6 µs pas bien loin de nos 727 µs.

On réalise la multiplication des deux signaux avec le ou exclusif, c’est assez classique. Enfin, on utilise un « glitch filter » ou « déglitcheur » de taille N=5. J’avoue que le 5 a été choisi un peu au pif, on doit pouvoir optimiser. Ce composant permet d’éliminer par « filtrage » tout bit parasite. Son principe est expliqué ici : lien vers la doc.

Cette structure génère un «1» uniquement lorsque les N échantillons actuels et précédents sont «1», et un «0» uniquement lorsque les N échantillons  actuels et précédents sont «0». Sinon, la sortie est inchangée par rapport à sa valeur actuelle.

L’UART, enfin permet de décoder le signal et on affiche les caractères reçus sur l’afficheur LCD.

Résultats

Et ça marche ? Relions la sortie de la carte son (jack) à l’entrée de la maquette.

Regardons ici les résultats obtenus sur mon vieux scope analogique.

Relevé à l'oscilloscope signal FSK et signal démodulé
Relevé oscilloscope démodulateur FSK

En haut, le signal modulé FSK à l’entrée, en bas le signal numérique démodulé. La démodulation FSK est fonctionnelle !

Quelques signaux intermédiaires relevés à l’analyseur logique :

relevé signaux logiques démodulateur FSK

De haut en bas : Le signal FSK en sortie du comparateur (fsk_comp), le signal de sortie du Ou exclusif (xor) et le signal en sortie du « déglitcheur » (data_out). La sortie du ou exclusif est plein d’impulsions parasites (normal, ce sont les termes en 2.ω !). Admirez l’intérêt du « déglitcheur ».

Et voila ce que l’on obtient sur l’afficheur LCD de la maquette :

Affichage du message reçu
Maquette démodulateur FSK

Je vous laisse découvrir le message décodé !

Et voilà ! Un modulateur – démodulateur (un modem) FSK dans un PSoC ? C’est possible ! Il n’y a que deux composants extérieurs : une résistance et un condensateur.

Et qui on est, hein ?

Radiocommunications

Un livre complet sur les radiocommunications avec exercices corrigés et études de systèmes  est disponible aux éditions ellipses.
Adoptez la radiocom’attitude !

Livre Radiocommunications - Editions Ellipses
Radiocommunications. Editions ellipses

On trouvera ci-après des cours et TD relatifs aux radiocommunications. Ces cours sont destinés à des étudiants de BTS SN-EC (Systèmes numériques, électronique et communication) de première année. J’ai essayé d’insister plutôt sur les phénomènes physiques que sur les calculs.

Liaison hertzienne

Ce cours se divise en 3 parties :

Première partie : Généralités sur les liaisons hertziennes, la propagation, etc..

Après une brève histoire des télécommunications, cette première partie présente les intérêts et inconvénients des liaisons hertziennes et aborde les notions d’onde, de longueur d’onde et de propagation dans l’environnement terrestre.



Deuxième partie : l’utilisation du dB en radiocoms

Ici on parle de dB sous toutes ses formes : dB, dBm, dBµV. Tous les décibels utilisés en radiocommunications !


Troisième partie : les antennes

Un cours sur les antennes qui permet de définir un certain nombre de grandeurs (gain, diagramme de rayonnement, angle d’ouverture, polarisation). Les antennes les plus courantes y sont présentées. Tout cela est illustré par des exemples concrets.

Bilan de liaison

Le bilan de liaison hertzienne expliqué à partir d’un exemple concret : l’installation d’une liaison par  faisceau hertzien.


Changement de fréquence

Le changement de fréquence : mélangeur, fréquence image, étude d’un récepteur VHF marine :




Systèmes de réception télévisée


Quelques systèmes de réception télévisée : la télévision par satellite, calcul de bilan de liaison, longueur de câble de l’installation, format des bits transmis, organisation de la chaine émission et réception, etc.. Télévision numérique terrestre.
C’est un peu dans l’esprit d’une leçon de choses illustrée par des manips avec un analyseur de champs.


© 2024 Louis Reynier

Theme by Anders NorenUp ↑

Bannière de Consentement aux Cookies par Real Cookie Banner